Départ à 8h30 pour le marché aux légumes frais à un km de l'hôtel. La température est déjà bien élevée et le soleil brille. Il va faire plus chaud qu'hier car nous descendons vers le sud à 200 km de là, jusqu'à Luang Prabang. Quelques infos financières: la monnaie est le kip (un euro égale 10000 kips) qui subit une inflation galopante. Une bière coûte 10000 kips et tout est à l'avenant. Une mobilette chinoise coûte 400 dollars. Le marché est très typique, épiceries, boucheries, poissonneries, volaillers (poules vivantes), maraichers, et puis plein de denrées indéfinissables dont du rat séché.  On y trouve aussi des friandises: gaufres, beignets fourrés de toutes les couleurs et cubes de farine de riz à la vapeur colorés. Les Laotiens mangent tout ce qui bouge, c'est pour cela qu'il n'y a plus de prédateurs... Sur les étals, toutes sortes de fruits et légumes, ceux que nous connaissons et d'autres plus exotiques: rotin, algues séchées aux graines de sésame, christophines, mangoustans, bananes sèchées et puis aussi couenne de porc grillée, poumons sèchés...
Puis nous traversons la forêt tropicale protégée de la province d'Oudomxay. La route est en très mauvais état et nous en avons pour 100 km jusqu'au déjeuner.
Le Laos a des mines d'or, de rubis et de saphir exploitées par les Australiens et les Chinois, de charbon exploitées par les Thaïlandais, de cuivre et de zinc. Ils exportent leur électricité en Thaïlande, tout comme les bois précieux. Elle provient de barrages hydroélectriques uniquement. Les salariés ne payent pas d'impôts. L'alphabet comporte 27 consonnes et 28 voyelles, il n'y a pas de conjugaison, pas de genre, pas d'article. C'est un mélange de thaïlandais et de sanscrit.
Vers midi, nous stoppons dans un village hmong. Les Hmongs sont venus du Vietnam au 16ème siècle et maintenant beaucoup d'entre eux émigrent au Canada et aux Etats-Unis car ils sont énormément recrutés par la CIA, ce qui donne un visa à toute la famille.  Comme hier, les enfants nous accompagnent et cette fois, les filles sont là. Ils sont moins craintifs. Les adultes travaillent en dehors du village. C'est le moment où les forêts sont déboisées et les coteaux préparés pour les brûlis destinés à la culture du riz sec rythmée par la mousson de mai à septembre.
À quelques 30 km de là, nous arrivons à l'intersection avec la route numéro 13, fameuse dans le passé pour son insécurité, dans la ville de Pak Mang où nous déjeunons. Nous croisons un groupe de motards alsaciens venant de Thaïlande. Vers 14h, nous prenons cette route 13 en meilleur état que notre route précédente. Nous avons fait la moitié du chemin. À 70 km de Luang Phrabang, la jungle s'éclaircit car nous descendons dans la large vallée de la rivière Nam Ou. Partout de très beaux arbres, tecks, flamboyants, tamariniers, manguiers... et des villages, si pauvres.
A 17h, nous arrivons à Luang Prabang, 30000 habitants, au confluent du Mékong et de la rivière Nam Khan. La ville enchâssée dans les montagnes fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1995. 60 temples bouddhistes dont 34 sont classés. C'est l'ancienne capitale du royaume du million d'éléphants de 1453 à 1560. La ville étant interdite au car, nous montons dans 2 tuks-tuks rouges pour rejoindre l'hôtel Sala Prabang en centre-ville. Après avoir tenté de nous doucher car il n'y a pas eu d'eau pour tout le monde, nous partons à 18h pour assister à la cérémonie du baci dans une famille. C'est une cérémonie qui marque tout événement de la vie: mariage, naissance, voyage... et qui est apparu en 1353 quand le bouddhisme a commencé à supplanter l'animisme. Le but de cette cérémonie, dirigée par un vieux sage, ici le grand-père de 84 ans qui a été moine, est d’effectuer le rappel des âmes perdues de notre corps. Chacun de nous possède 32 âmes. On les rappelle afin qu’elles ne nous fassent pas défaut. Le sage, après avoir rappelé les 32 âmes par des textes sacrés formulés devant le plateau d'âmes, aide toute la famille (la grand-mère, 79 ans, leurs filles et petites-filles) à nous attacher aux poignets des fils de coton blancs afin de retenir les âmes, tout en formulant des voeux. Les âmes ainsi revenues ont faim et soif et nous mangeons les offrandes de cette famille, dont un petit verre d'alcool de riz à la banane séchée, cul sec!
Ensuite, diner-spectacle en ville au restaurant Sonphao où on se déchausse. Santé se dit niok-niok.
Bouddha bronze
A demain et continuez à mettre des commentaires, cela nous fait plaisir.